Je suis québécois.
Et on dit que les québécois connaissent assez bien leur histoire.
Pour le 17 siècle, c'est l'âge d'or de la Nouvelle-France. La France possède alors une bonne partie de l'Amérique du Nord, soit le Québec, l'Acadie, une bonne partie des États-Unis actuels (tout le bassin du Mississipi). Si les anglais sont plus nombreux, ils se tiennent tranquille. Les frontières naturelles que sont la chaîne de montagnes des Appalaches rend les conflits plus hasardeux pour les anglais. Les français, outre une certaine présence territoriale, se lient mieux d'amitié avec les amérindiens, ce qui facilite la défense de la colonie. Il y a par contre une tribu qui sera farouchement opposée aux Français, les Iroquois. Différentes tentatives d'invasion anglaise ont échoué, dont plusieurs parce que les bateaux anglais ne savaient pas naviguer dans le fleuve St-Laurent. Un nombre impressionnant d'épaves gisent toujours près de l'île d'Anticosti, car à cet endroit les courants marins sont traîtes. Et avant que le fond du fleuve soit dûment cartographié, le Québec détenait le record mondial des catastrophes maritimes, dont la seconde pire après le Titanic: l'Empress of Ireland en 1914, sombré près de Rimouski.
Mais au 18e siècle les choses se compliquent. Le peuplement de la Nouvelle-France tarde, tandis que les colonies anglaises sont plus denses et surtout beaucoup mieux organisées et mieux structurées. La France perd une partie des territoires lors du traité d'Utrecht de 1713. La France a un vaste territoire à défendre pour une population très faible et dispersée, et les anglais ont l'avantage de la situation inverse. Puis c'est le grand dérangement en Acadie (actuel Nouveau Brunswick) en 1745. Enfin, la guerre décisive entre l'Angleterre et la France entre 1756 et 1763. Les diplomates de la Nouvelle-France vont tenter sans succès de demander des renforts à la France. Et on se fera répondre que la Métropole n'a plus d'argent pour défendre «quelques arpents de neige». (Ces mots sont célèbres dans notre histoire.)
Et le reste s'enchaîne. La Nouvelle-France abandonnée devient une proie facile. La bataille des plaines d'Abraham le 13 septembre 1759, se solde par la victoire des anglais qui prennent la ville de Québec. Deux généraux meurent dans cette bataille, le général Wolfe (Nouvelle-Angleterre) et le général Montcalm (Nouvelle-France.) Cet échec des troupes de la Nouvelle-France mine le moral. La bataille finale a lieu à Montréal en 1763. D'à partir de cette date, la Nouvelle-France porte le nom de «province of Quebec». Les français n'ont plus le droit de parler français ni de pratiquer la religion catholique, mais dans les faits, le fait français continue et la religion aussi.
C'est seulement pour éviter que le Québec rejoigne la Révolution Américaine que le droit de parler français et de pratiquer la religion catholique va être rétabli par l'Angleterre au Québec, en 1774. Mais les anglais ne rétablissent ces droits que du bout des lèvres et à contrecoeur. Les tensions au pays entre anglais et français finiront par éclater dans la célèbre révolte des patriotes de 1837...